25Dans le baptistère les catéchumènes étaient initiés à une vie nouvelle et « les peintures relativement frustes de la maison-église chrétienne [évoquaient] un espace dans la mythologie des initiés ». Les catéchumènes qui passaient la porte du baptistère, probablement avec des torches en main, avaient en face, comme première représentation, une porte ouverte peinte sur le mur [pl. La présence de la femme seulement, penchée sur le puits, rend l’identification difficile83. Dans la Doctrine d’Addaï se serait produite la fusion entre la figure de Judas Thaddée, évangélisateur de la Syrie selon une tradition apocryphe, et celle d’Addaï, qui aurait annoncé l’Évangile à Édesse et en Mésopotamie selon une tradition locale (ibid., p. 26). Mythes et réalités, Paris, Bayard, 2017. First-Century Wall Paintings from the Fortress of Dura on the Middle Euphrates. Au contraire, il souligne la nécessité de considérer les différentes scènes comme capables d’exprimer un message, de manière autonome, bien que clairement liée à une histoire salvifique antérieure. 76.4), expression traditionnellement interprétée comme un génitif épexégétique (d’explicitation) : « dans la basilique, c’est-à-dire le baptistère ». Guardando ad Oriente], Milano, Jaca Book, 2009, p. 22-23). Bible Museum - Christliches Taufbecken Dura Europos.jpg 2 560 × 1 920 ; 1,34 Mio En même temps, la multiplicité des thèmes picturaux qu’on recense ne sera pas ignorée, quand bien même les diverses théories, thèses et résultats obtenus seront rapidement présentés et intégrés dans la présente recherche. En s’appuyant sur les résultats des recherches qui le précèdent, le présent article se propose de mettre en valeur les peintures murales du baptistère en tant que cycle, évidemment pas au sens chronologique ni même thématique, mais comme un ensemble qui, à travers des images, est chargé d’exprimer le mystère chrétien en lien avec les rites liturgiques et les textes bibliques. Ce n’est évidemment qu’une hypothèse, mais elle mérite en tout cas d’être examinée. Final Report VIII, Part I: The Synagogue, New Haven, Yale University Press, 1956, soit à la Dura Europos Collection at the Yale University Art Gallery. Il reste encore à méditer et à approfondir — dans une perspective transpériodique et une approche multidisciplinaire — le caractère narratif de ce cycle et sa capacité à exprimer le message chrétien d’une manière claire et complémentaire par rapport au texte sacré et au rite liturgique. La question la plus controversée concerne cependant le caractère incomplet de certaines scènes, qui rend problématique leur identification. A. Desreumaux recense une série de versions de la Doctrine d’Addaï : grecque, syriaque, copte, éthiopienne, arabe, arménienne, géorgienne, slave (ibid., p. 7). 57 « Qu’il s’agisse de cinq femmes, cela se déduit de la longue tunique qu’elles portent (dont on voit l’extrémité inférieure) et par les chaussures blanches. Dans le cas précis de Doura Europos, les peintures murales du baptistère ont-elles un caractère catéchétique en soi, ou sont‑elles secondaires par rapport aux textes bibliques et/ou liturgiques ? 15 « La visée générale des peintures murales est claire dans la plupart des cas. Les fouilles ont révélé l'existence de trois phases de construction pour l'édifice de culte qui succéda à une maison particulière, à partir de 168 et demeura en usage jusqu'à la destruction de la ville par les Sassanides en 256. Ce manque se retrouve dans toute la littérature sur le sujet. Autrement, en plus d’un possible malentendu sémantique, dans une ville comme Doura Europos, si riche en symboles religieux et en art, les catéchumènes risquaient de ne pas saisir le sens théologique du cycle iconographique du baptistère dans son intégralité. The Excavations at Dura-Europos conducted by Yale University and French Academy of Inscriptions and Letters. L’imagerie grecque classique d’Hermès criophore est la plus proche des représentations du Christ en tant que pasteur. 1991-1993, Beyrouth, IFAP, 1997, p. 1-20. First-Century Wall Paintings from. Les campagnes de fouilles furent nombreuses. Devinant l’importance de telles peintures, il réclama par l’intermédiaire de son propre commandant la visite d’un archéologue. ), The Jews among Pagans and Christians in the Roman Empire, London, Routledge, 1994. V ; F. Boespflug, Dieu et ses images. M. Peppard soutient que non seulement l’on peut facilement expliquer la présence de David et de Goliath dans le baptistère, mais que dans un tel contexte c’est un épisode qui pouvait presque être attendu (« perhaps even be expected »). La question est complexe, difficile à résoudre, à cause des lacunes dans les sources littéraires et d’une liturgie baptismale qui, dans les trois premiers siècles du monde chrétien, était en devenir, marquée par « l’improvisation » (A. Cosentino, « Il battesimo a Roma : edifici e liturgia », dans : F. Guidobaldi – A. Guiglia [éd. 104 Grabar, Le vie dell’iconografia cristiana, p. 24. La visée est de faire émerger le récit que l’art figuratif chrétien a écrit avec des formes et des couleurs constituant une narration doctrinale qui ne devait pas être lue en termes entièrement dépendants du texte écrit, mais qui mérite d’être écoutée dans toute sa force expressive. Il est également opportun de situer virtuellement les scènes par rapport aux catéchumènes, c’est‑à‑dire de se figurer quels épisodes ceux‑ci étaient destinés à voir une fois franchi le seuil du baptistère, dans l’aire qui leur était réservée pour ôter leurs vêtements, puis aux fonts baptismaux, et à la sortie du baptistère. [Hierá. 49 On s’étonne de ne pas trouver dans la collection de la Yale University Art Gallery une reconstruction de l’ensemble du baptistère avec la disposition des peintures sur les quatre murs respectifs et l’indication des deux portes, l’emplacement des fonts baptismaux et le vestibule. Cette interprétation trouve une confirmation dans l’étoile présente sur la poitrine de la femme. , « La discussa scena delle donne al sepolcro », p. 319. , « La discussa scena delle donne al sepolcro », p. 321, n. 18. , « La discussa scena delle donne al sepolcro », p. 322-323. Files are available under licenses specified on their description page. L’identification respective de Jésus et de Pierre est discutée. 80 « Selon les notions grecques et romaines — et par la suite chrétiennes — de mariage, “torche” et “voile” étaient nécessaires et suffisants pour signifier un mariage légitime » (Peppard, The World’s Oldest Church, p. 124). [1] Data del 232/233 d. C. y estaba ubicada en Dura Europos a orillas del Éufrates.La antigua ciudad en el este de Siria pertenecía en esa época a la provincia romana de Celesiria , Grand Rapids, Baker Academic, 2012, p. 201; , Princeton, University Press, 1993, p. 153-166. , Oxford, University Press, 2006, chap. 94 « Les peintures de ce baptistère nous livrent sans doute la pensée intime de cette petite communauté de Doura ; elle ne croit pas qu’elle tient son salut directement du sacrifice de Jésus sur la croix ; la mystique paulinienne semble lui être étrangère. Mélanges patristiques offerts au cardinal Jean Daniélou, Paris, Beauchesne, 1972, p. 175-185. 552] : « Depuis le premier instant, art et rituel étaient fusionnés à travers le seuil : le programme artistique processionnel les projetait dans l’action rituelle53. 83 « En fait en Occident, aux catacombes romaines comme sur les sarcophages, l’épisode de la Samaritaine rappelle toujours la promesse d’immortalité faite par Jésus à ceux qui le suivent. Même les habitations domestiques étaient de type oriental, avec une partie réservée aux femmes22. J.‑C., comme avant-poste militaire (« Doura », en langue sémitique, signifie forteresse ou citadelle)1, fut choisie comme une position stratégique2 en 303 av. Voir Peppard, The World’s Oldest Church, p. 128. C'est la plus ancienne chapelle chrétienne conservée et précisément datée, pourvue d'un baptistère, et ornée des plus anciennes fresques chrétiennes Domus ecclesiæ de Doura Europos. La question centrale, et probablement la plus fascinante bien qu’elle ouvre des horizons avec plus de questions et d’hypothèses que de réponses certaines, tourne autour des raisons qu’il y eut de réaliser une série de fresques dans le baptistère de Doura Europos. XXXI-LVI. Λαμπάς devrait donc être traduit par « torche », c’est-à-dire un bâton enveloppé d’un tissu imbibé d’huile qui convient mieux à l’identification de la scène avec la procession des vierges folles et des vierges sages. Mélanges d’histoire romaine, de droit, d’épigraphie et d’histoire du christianisme [Collection de l’École française de Rome 43], Rome, École française, 1980, p. 607-627 [p. 621-622]). Corpus 1), Milano, Jaca Book, 2006, p. 209. La cité a été fouillée en 1922 et 1923 par l'armée française sous la direction de Franz Cumont, et de 1928 à 1937 par une équipe franco-américaine dirigée par Michel Rostovtzeff. Elles représentent en revanche pour M. Peppard « un mouvement vers le corps de la femme, comme si quelque chose s’approchait d’elle ou entrait en elle — une incarnation » (Peppard, The World’s Oldest Church, p. 180). 26/3, 2013, p. 300-316, en particulier p. 300. Il s’agirait d’une convention picturale connue à Doura, qui se retrouve dans certaines peintures de la synagogue et du temple de Bel66 : Si l’on en juge par la position des pieds orientés vers la gauche, il semblerait que les figures se seraient à peine déplacées ou seraient en train de le faire en une sorte de procession qui les dirige vers l’événement en train de se produire sur leur droite67. et renvoie au site de voyagiste cityzeum. Il y a des reconstructions utiles, mais ce sont toujours des vues partielles, qui n’offrent pas d’image globale. Selon la première, ceux‑ci étaient des juifs convertis, appartenant à la communauté qui se réunissait à la synagogue située dans la même rue que la domus ecclesiae. 23Au registre supérieur, sans séparation, étaient présents deux miracles du Christ : la guérison du paralytique59 — avec le Christ en position centrale, qui désigne le lit, et l’homme guéri avec son grabat sur les épaules [pl. ], Edge of Empires, p. 40-61 [p. 45]). 30Le choix des myrophores dans le baptistère « signifierait une interprétation de l’onction et de l’immersion baptismale comme expérience de mort et de résurrection74 ». Du Mesnil du Buisson (Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-56 apres J-C. [Rome, 1939], 84-92), followed, e.g., by A. Grabar ("La Theme religieux des fresques de la synagogue de Doura" Revue de l'histoire des religions 123 [1941]: 143-92, esp. Études IV. 10]. Une attention au rapport entre le lieu — et par conséquent le rite baptismal qui y fut célébré — et les scènes qui y sont représentées, a ouvert des perspectives intéressantes sur l’initiation chrétienne des origines48. ), Doura-Europos. 4 Sur la question de la date de la chute de Doura Europos, voir Spanu, « Una serie di fotografie aeree poco note », p. 263, n. 70. Il serait également profitable de vérifier la thèse, sur laquelle s’accordent l’ensemble des savants précités, selon laquelle les catéchumènes entraient pour la première fois dans le baptistère la nuit de leur baptême. Según Kraeling 1967. 6Bien que le site, désigné par le toponyme de Sālihiyyah, Salabie ou Sâlihîyeh selon ses diverses translittérations, ait déjà été une destination pour les voyageurs de la fin du xixe siècle7, ce fut le capitaine C. M. Murphy de l’armée britannique, en poste en Mésopotamie, qui, en dispersant un nid de mitrailleurs, le 30 mars 1920, découvrit fortuitement quelques peintures qui se révélèrent être celles du temple des dieux de Palmyre8. Plus significatives encore peuvent être les représentations d’Adam et Ève juxtaposées à des représentations qui semblent montrer leur création originelle. 64 A. J. Wharton, Refiguring the Post Classical City: Dura Europos, Jerash, Jerusalem, and Ravenna, Cambridge, University Press, 1995, p. 60. 96 « Tous ces érudits doivent reconnaître que les similitudes de style, de détail et de couleur que nous avons vues au mythraeum, à la synagogue et à l’édifice chrétien indiquent nécessairement que les artistes eux-mêmes se sont emprunté des idées ou proviennent peut-être du même atelier » (Deleeuw, « A Peaceful Pluralism », p. 196). The Excavations at Dura-Europos… The Christian Building. », Revue biblique 60/3, 1953, p. 398-413 ; ID., La résurrection du Christ dans l’art chrétien du iie au viie siècle (Bibliothèque d’érudition artistique), Paris, H. Laurens, 1957. 11], dont l’un (le gauche) est représenté de face, orienté vers le bas et légèrement incliné vers la gauche, et l’autre (le droit) à plat, de profil. 59 La représentation du baptistère de Doura se réfère à la version johannique, où la guérison du paralytique a lieu à la piscine de Bethzatha (Jn 5, 1-18). J.-C.); voir également S. H. Werlin, Ancient Synagogues of Southern Palestine, 300-800 C. E. Living on the Edge (The Brill Reference Library of Judaism 47), Leiden, Brill, 2015, en particulier chap. L’objectif est la mise en valeur de ces peintures en tant que cycle de portée mystagogique chargé d’exprimer le mystère chrétien en lien avec le rite liturgique. Domus ecclesiae de Doura Europos : définition de Domus Pour le cas de Doura Europos, il n'y a pas beaucoup de vestiges. Les promoteurs de la première interprétation relient les cinq femmes — représentées avant et après l’entrée dans la chambre funéraire — au Diatesseron de Tatien, qui nomme cinq femmes différentes présentes auprès de la tombe du Christ (Marie‑Madeleine, Marie mère de Jacques, la mère des fils de Zébédée, Salomé et Jeanne) le matin de Pâques70. La diffusion du christianisme en Syrie a des racines qui plongent jusqu’à l’époque apostolique : de 47 à 55 ap. 41 « C’est vers l’est en effet que vous devez prier, en accord avec ce qui est écrit : “Donne gloire à Dieu, qui monte dans les cieux vers l’est” » (12, 5). On ne sait pas qui était responsable d’expliquer le contenu de chacune des peintures ainsi que le sens du programme iconographique, et l’on ne connaît pas les circonstances ni les supports à travers lesquels cette « catéchèse » était administrée, mais on peut au moins supposer que les catéchumènes étaient capables de comprendre les images qu’ils observaient, leur rôle expressif, la complémentarité des significations entre les peintures et les rites baptismaux grâce à un processus qui avait lieu avant le rituel lui-même. Une histoire de l’Éternel dans l’art, Montrouge, Bayard, 20173, chap. 12 Voir R. Hachlili, Ancient Jewish Art and Archaeology in the Diaspora (Handbuch der Orientalistik 1/35), Leiden, Brill, 1998, qui mène une recherche sur l’élément spécifiquement juif dans l’art développé en Israël depuis la période du second Temple (IIe s. av. Après le rite de l’onction, le catéchumène était invité à traverser virtuellement la porte peinte sur le mur nord et à suivre les femmes portant des torches vers une construction blanche aux dimensions considérables. 93 « La signification de la procession ne se situe pas ailleurs, dans un texte, mais elle est plutôt intégrée à la réalité physique de l’action dont elle fait partie [...] Ces figures peuvent être lues comme des incarnations renvoyant aux initiés une image d’eux-mêmes » (Wharton, Refiguring the Post Classical City, p. 54). Le contexte baptismal ne lève pas le doute : la présence de la Samaritaine conclurait de manière opportune le parcours des catéchumènes, appelés à boire l’eau du Christ et à devenir une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle (Jn 4, 14). Si, d’un côté, ces conquêtes contribuèrent à former une société multi-ethnique et multi‑culturelle qui vécut la diversité sur le mode de la tolérance, d’un autre côté, elles aiguisèrent chez les habitants la crainte pour leur propre vie et la recherche d’une revanche dans l’au‑delà. C’est par ailleurs l’unique espace chrétien à usage cultuel et non funéraire remontant à l’époque pré‑constantinienne : Grâce au baptistère de Doura, nous savons qu’après le règne des Sévères les chrétiens possédaient des édifices cultuels dans les cités romaines bien que leur religion fût encore illégale et qu’ils disposaient d’une iconographie religieuse assez riche23. « [Marie] prit sa cruche et sortit puiser de l’eau. Ni leurs sujets, leurs inspirations, leurs mécènes ou leurs croyances personnelles, ni l’existence d’un texte sacré chrétien n’exigeaient qu’ils s’écartent des concepts et de la pratique artistiques qu’ils connaissaient » (J. 8 L. Dirven, The Palmyrenes of Dura-Europos. V, p. 93-148. Cette explication se fonde sur le caractère militaire de la cité durant la période romaine, sur la proportion importante de soldats qui y habitaient et qui auront choisi de se convertir au christianisme, expérience commune des premiers siècles chrétiens, sous diverses latitudes. 28 M. Andaloro, L’orizzonte tardoantico e le nuove immagini 312-468 (La pittura medievale a Roma, 312-1431. Les deux premières se déroulèrent en 1922 et 1923, dirigées par le belge Franz Cumont sous l’égide de l’Académie des inscriptions et belles‑lettres. Uné église de maison, en latin domus ecclesiae, est un lieu de culte chrétiens aménagé dans une maison. Une théologie protestante de l’image (Lieux théologiques 25), Genève, Labor et Fides, 1994 ; B. Reymond, Le protestantisme et les images. 88 S. Ashbrook Harvey, « Liturgy and Ethics in Ancient Syriac Christianity: Two Paradigms », Studies in Christian Ethics 26/3, 2013, p. 300-316, en particulier p. 300. 39Les peintures murales du baptistère ont été chargées d’une fonction narrative, théologiquement complémentaire du texte et du rite105. 8C’est alors que furent retrouvés les bâtiments religieux dédiés aux dieux syriens, les temples des dieux grecs Zeus, Adonis et Artémis, le mithraeum, la domus ecclesiae par les archéologues Clark Hopkins et Henry Pearson en janvier 193210, et la synagogue, découverte par Robert du Mesnil du Buisson, directeur adjoint de la mission franco-américaine. Special attention is given to each of the mural paintings and to discussing their biblical sources, to their links with the baptismal rite, and to attempting to highlight their underlying theological threads. La domus ecclesiae de Doura-Europos est un édifice de culte chrétien aménagé dans une ancienne maison particulière de l'îlot M8 de la ville de Doura-Europos sur l'Euphrate, en Syrie orientale. Quelles ont été les modalités et quels supports ont été utilisés, surtout si l’on ne s’en tient pas à la thèse traditionnelle selon laquelle les catéchumènes « n’avaient pas encore vu l’intérieur du baptistère verrouillé107 » ? 21 J. Gascou, « The Diversity of Languages in Dura-Europos », dans: Chi – Heath (éd. Jusqu’à sa destruction, cinq cents ans environ après sa fondation, elle fut la quintessence d’une cité frontière, un melting pot de cultures, un condensé de religions, un triomphe d’expressions artistiques différentes5. 10 C. Hopkins, The Discovery of Dura Europos, New Haven, Yale University Press, 1979; C. H. Kraeling, The Excavations at Dura-Europos Conducted by Yale University and French Academy of Inscriptions and Letters. De fait, après l’enlèvement et l’installation de ces peintures dans le musée de l’université de Yale, elles apparaissent hors contexte. La majorité viennent de bâtiments de culte et sont de caractère religieux » (A. Perkins, The Art of Dura-Europos, Oxford, Clarendon Press, 1973, p. 34). J.-C.) prit possession de la cité. Les idées de Valentin30 se seraient diffusées rapidement, comme le confirment les réfutations circonstanciées d’Irénée de Lyon31et de Tertullien32. The aim is to put forward the value of these paintings as forming a cycle with a mystagogical dimension, and with the purpose of expressing the Christian mystery in relation with the liturgical rite. Les divers épisodes sont évidemment présentés et analysés dans une perspective qui révèle le fil rouge théologique qui les relie. 76 T. Mathews, The Clash of Gods: A Reinterpretation of Early Christian Art, Princeton, University Press, 1993, p. 153-166. Domus ecclesiæ de Doura Europos. Malgré le peu de temps à disposition, l’expédition fut particulièrement fortunée : elle put découvrir l’inscription qui rendit possible l’identification du site et de mettre au jour certaines parties du sanctuaire, dont « le mur avec une peinture imposante très colorée, figurant un groupe grandeur nature de onze personnes participant au culte9 ». 100 « Avec le progrès des études, il a été possible de constater que le premier art des bâtiments de culte et celui des premiers cimetières chrétiens se ressemblent de façon surprenante, et que les scènes du baptistère de Doura Europos et la zone I de San Callisto coïncident dans les schèmes et les significations » (Andaloro, L’orizzonte tardoantico, p. 209). Les trafics des caravanes se réduisirent progressivement, tandis qu’augmentait la présence de troupes chargées de la défendre : entre la fin du iie et le début du iiie siècle ap. 9 J. H. Breasted, The Oriental Forerunners of Byzantine Paintings. I. A. Baird, The Inner Lives of Ancient Houses. (Oriental Institute Publications 1), Chicago, The University of Chicago Press, 1924, p. 58. Th209 dit que "maintenant l'accès à cette salle (où est reconstituée Doura Europos) est très bien indiqué et tout à fait libre (pas besoin de demande spéciale, de clé, etc.)" (Handbuch der Orientalistik 1/105), Leiden, Brill, 2013; S. Art and Judaism in the Greco-Roman World. Entre les deux communautés serait née une rivalité, favorisée par le fait d’habiter une petite ville, dans laquelle il était quasiment impossible d’éviter ses voisins. Contre les valentiniens, t. 1 : Introduction, texte et traduction (Sources chrétiennes 280), Paris, Cerf, 1981. 63 Elsner, « Cultural Resistance and the Visual Image », p. 280. La reprise des recherches dans la cité entre 1986 et 1993 fut confiée à une équipe franco‑syrienne dirigée par P. Leriche et A. Mahmoud, lesquels concentrèrent avant tout leurs efforts sur la consolidation des structures restées exposées et sur l’étude d’aspects et de monuments spécifiques de la cité13. Une telle recherche doit renoncer d’emblée à se focaliser sur l’histoire de Doura Europos, sur les peintures murales du temple de Mithra, de la synagogue, du temple de Bel, ou sur la richesse des échanges entre les diverses communautés religieuses6. Finalement, la question n’est abordée que pour comprendre les modèles auxquels les peintres peuvent se référer. 7 : Reconstruction de scènes peintes dans le baptistère, Pl. Il commence par exposer de manière détaillée le contexte historico-géographique de la cité, les origines de la communauté chrétienne et les résultats des fouilles qui ont suivi la découverte fortuite de 1920. Le serpent est sur le sol, mais l’avant de son corps est dressé. Les dimensions relativement réduites du bassin supposent que les catéchumènes étaient assis, agenouillés ou accroupis pour pouvoir être totalement immergés. Qui qu’elles soient, ce qui suit est évident, même dans leur état fragmentaire : elles forment une procession rituelle, elles se déplacent depuis le fond jusqu’au « tombeau bientôt vide » et aux fonts baptismaux, et la présence de bougies allumées et d’étoiles indique que c’est la nuit79. 27La première scène est la plus débattue. La Doctrine d’Addaï25 confirme que le christianisme fut prêché à Édesse par le disciple Thaddée26 et déjà présent à la cour royale grâce à la guérison miraculeuse du roi Abgar. Une attention spéciale est donnée à chacune des peintures murales, à la discussion sur leurs sources bibliques, et à leur lien avec le rite baptismal, en cherchant à faire ressortir le fil rouge théologique qui les sous-tend. Les peintures murales du baptistère de la, V. Les peintures murales comme cycle narratif du message théologique chrétien, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-1.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-2.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-3.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-4.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-5.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-6.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-7.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-8.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-9.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-10.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-11.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-12.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-13.jpg, http://journals.openedition.org/rsr/docannexe/image/5623/img-14.jpg, Catalogue of 552 journals. Elle était comme la synagogue, de type péristyle (typique) de la région, avec une cour ouverte, entourée de pièces de différentes tailles (dans ce cas sur trois côtés et un portique sur le quatrième).