Avec “Sils Maria”, en salles le mercredi 20 août, Olivier Assayas marche aux sommets dans les pas de Nietzsche. “La Passion de l’incertitude”, de Dorian Astor, Roger-Pol Droit : “Nietzsche m’a appris l’impureté de la pensée”, FatBooth, AgingBooth. La formule de cette affirmation supérieure, c’est amor fati, l’amour du destin. Si les figures de l’artiste et du législateur sont si importantes chez Nietzsche, c’est en vertu du primat du devenir sur l’être, c’est-à-dire de l’acte sur le sujet de l’action : « Chacun a un talent inné, mais rare est celui auquel la nature et l’éducation confèrent ce degré de ténacité, d’endurance, d’énergie, qui lui permettra de devenir réellement un talent, donc de devenir ce qu’il est, c’est-à-dire de s’en décharger en œuvres et en actes » (Humain, trop humain). Le devenir n’est au fond que l’apparence de l’Être, le venir en présence de l’étant par l’Être, et ainsi le devenir est secondaire par rapport à l’Être même : si … anderson dit : 24/02/2015 à 23:21 . Il faut se souvenir quHegel propose une nouvelle ontologie, de type dialectique, qui nest plus fondée sur le principe didentité ou de contradiction. L'être et le devenir. Ln dit : 14/12/2018 à 13:31 . Devenir ce que l’on est, ce n’est jamais devenir quelque chose ou quelqu’un. Et beaucoup de poison pour en finir afin d’avoir une mort agréable. Ainsi l’être vivant ne peut que répéter une fois et une autre la rencontre d’un nouvel objet. Il l’a donc lu comme un sage autant que comme un dynamiteur : en effet, Nietzsche enseigne un certain art de rester en mouvement dans sa pensée et de s’engager dans la vie. Son usage culmine dans le sous-titre de l’un des derniers ouvrages de la vie consciente du philosophe (1888), dans lequel celui-ci entreprend de dire ce qu’il est et, surtout, ce qu’il n’est pas : Ecce Homo. Référence : 3662. L’être ne peut en effet être conçu comme étant ; « enti non additur aliqua natura » ; l’être ne peut venir à la déterminité selon que de l’étant lui est attribué. Il représente l'aboutissement de la première philosophie de Sartre, centrée sur l'individu, initiée par la Transcendance de l'EGO. Nietzsche omet volontairement cette précision. L’Être c’est Dieu car il est Éternel et ne Change pas. Car s’il faut se « résigner » à ne vouloir que ce qui est et « renoncer » aux arrière-mondes imaginaires, l’être lui-même n’est jamais résignation ni renoncement : l’être (le monde, le seul à notre disposition) est tout entier devenir, c’est-à-dire justement création, législation, volonté de puissance. Nietzsche estime en effet trouver en lui l’une des plus hautes expressions de la mentalité grecque : le pessimisme tragique. La question n’a pas de sens, à moins de sentir qu’il arrive parfois certains moments dans l’existence où l’on entend cette pensée maîtresse qui a pris le pas sur toutes nos autres pensées, cette volonté dominante qui a soumis toutes nos autres volontés, cet acte souverain qui a donné sens à tous les autres. Si Hegel procède de la sorte, c’est pour une raison logique évidente : pour qu’Héraclite puisse poser l’Absolu comme devenir, l’être devait préalablement être posé, car le devenir est l’identité de l’identité et de la différence entre l’être et le non-être. Le paragraphe suivant, où Hegel éprouve quand même la nécessité de se reprendre, ne fait en fait qu'aggraver la situation : réaffirmant que le devenir est la disparition réciproque de l'être dans le néant et du néant dans l'être, et la disparition de l'être et du néant en général (épochè. L’individu est un édifice ou plus précisément – un organisme. De ce point de vue, même les bévues de la vie ont leur sens et leur valeur, et, pour un temps, les chemins détournés, les voies sans issue, les hésitations, les “modesties”, le sérieux gaspillé à des tâches qui se situent au-delà de la tâche […] Pendant ce temps l’“idée” organisatrice, celle qui est appelée à dominer, ne fait que croître en profondeur, – elle se met à commander, elle vous ramène lentement des chemins détournés, des voies sans issue où l’on s’était égaré, elle prépare la naissance de qualités et d’aptitudes isolées qui, plus tard, se révéleront indispensables comme moyens pour atteindre l’ensemble, – elle forme l’un après l’autre les facultés auxiliaires avant même de rien révéler sur la tâche dominante, sur le “but”, la “fin”, le “sens” » (Ecce Homo, « Pourquoi je suis si sagace »). Et continuent de nourrir les créations actuelles, comme en témoigne le chorégraphe Angelin Preljocaj que nous avons rencontré à l’occasion de la reprise de son ballet Le Parc (1994), à l’Opéra-Garnier, à Paris, du 6 au 31 décembre. 1. C’est pourquoi Nietzsche en appelle non seulement à la « physique », mais à la physiologie, à une véritable psychophysiologie qui doit devenir « reine de toutes les autres questions ». « Je veux devenir pilote de chasse », « Tu seras un homme, mon fils », « Il est devenu quelqu’un ! […] Derrière tes pensées et sentiments, mon frère, se tient un maître impérieux, un sage inconnu – il s’appelle soi. « Puisses-tu, ayant acquis des connaissances, devenir tel que tu es. Dans Ecce Homo, le chantre prétendu de la volonté écrit sans détour : « “Vouloir” quelque chose, “tendre” à quelque chose, avoir en vue un “but”, un “souhait” – toutes choses que je ne connais pas d’expérience. Gaetano Chiurazzi Université de Turin chiura@cisi.unito.it. Les avis clients. Or, il a réussi à discerner à l'intérieur de cette durée des formes multiples de devenir, c'est-à-dire des accom¬ plissements partiels et limités du temps. Aussi bien, cela veut dire s’enchaîner aux bons endroits. Incapable de penser l’Essentiel, à savoir le passage de l’être dans le concept, le scepticisme ne connaît d’autre régime que l’alternance. De l'être donc nous ne pourrons dire qu'une chose, à savoir qu'il est, c'est-à-dire l'affirmer comme objet universel, c'est-à-dire encore affirmer que c'est lui qui fait la réalité de toutes nos affirmations, entendons par là à la fois la réalité du sujet qui affirme et la réalité du contenu objectif de l'affirmation. […] Que l’on devienne ce que l’on est suppose que l’on ne pressente pas le moins du monde ce que l’on est. Dans l'expérience d'une conscience finie, l'être peut être allégué, il peut être un pôle de référence ; jamais il ne saurait être pleinement défini, car le définir ce serait le justifier. “Tu dois devenir celui que tu es” » (Le Gai Savoir), il faut mesurer ce qu’il entend par « con­science ». Dans tout vouloir, on a affaire purement et simplement à du commandement et de l’obéissance, sur le fond, comme on l’a dit, d’une structure sociale composée de nombreuses “âmes” » (Par-delà bien et mal). Que l’être soit devenir, cela implique que toute réalité soit intégralement pulsionnelle, jeu de forces en conflit et en recherche de hiérarchisation. Il s’en empare dès l’adolescence et ne s’en défera plus. On peut supposer que ledit précepte, qui précise la manière de devenir soi-même dans le fameux vers pindarique, proposait une variante à la connaissance de soi recherchée par les Grecs. L’intérêt pour Pindare va au-delà de ce seul emprunt. C’est la leçon de Zarathoustra : « Sens et esprit ne sont qu’outils et jouets : derrière eux il y a encore le soi. Il ne s’agit pas de mépriser cet effort en vue d’un « développement personnel », mais de comprendre que l’impératif nietzschéen de devenir ce que l’on est implique une tout autre conception de l’autonomie. l'être et le devenir. 『 BOÎTE À IDÉES 』 (function() { var qs,js,q,s,d=document, gi=d.getElementById, ce=d.createElement, gt=d.getElementsByTagName, id="typef_orm_share", b="https://embed.typeform.com/"; if(!gi.call(d,id)){ js=ce.call(d,"script"); js.id=id; js.src=b+"embed.js"; q=gt.call(d,"script")[0]; q.parentNode.insertBefore(js,q) } })(), Article issu du magazine n°104 octobre 2016, Friedrich Nietzsche commenté par Roger-Pol Droit. […] Je n’ai pas la moindre envie de voir quoi que ce soit devenir autre que ce qu’il est : moi-même, je ne veux pas devenir autre… » (« Pourquoi je suis si sagace »). L’esprit libre par excellence, dit-il, est celui .. Parce qu’il lance un défi à l’ordre établi, Nietzsche attire bien des philosophes en herbe. Format : 150mm x 220mm. Le produit de cette rencontre, c’est le devenir, tout est devenir, c’est a dire de l’etre traversé de non être. Cela, c’est l’injonction que tous nous adressent sans cesse (et nous-mêmes au premier chef). Se donner sa propre loi, se faire le législateur de soi-même, cela engage de se soumettre, non pas à un impératif catégorique universel, mais à une nécessité qui, en nous, reste impersonnelle et pourtant radicalement singulière. Cette physique serait la connaissance de la nature, non pas l’ensemble des choses créées, mais le principe de toute création, la loi de toute législation. C’est « une conscience derrière ta “conscience” » qui « a une préhistoire dans tes pulsions, inclinations, aversions, expériences et non-expériences » (Le Gai Savoir). 79. dominer par une grande diversité de techniques matérielles, intel¬ lectuelles et mystiques. A l’unité immédiate de l’être-là succède l’unité réflexive de ses moments … Prétendre (se) connaître, c’est toujours se réduire à sa propre conscience, c’est réduire la multiplicité pulsionnelle que nous sommes et pavoiser en répétant « moi, je… » à l’infini. L’être même est devenir, et rien d’autre. Mais Roger-Pol Droit, lui, ne l’a vraiment compris qu’à l’âge adulte. Flora dit : 11/06/2015 à 21:16 . Selon Hegel, penser, ce n'est pas opposer une représentation, une idée, à ce qui est réel, l'essence des choses (leur définition générale), à leur être. Du point de … Lui soutient à linverse que lidentité inclue la différence, le négatif ; quune chose doit devenir son contraire avant de revenir en elle-même et de trouver son identité (seule lidentité qui se reconstitue ou la réflexion dans lêtre autre en soi-même et non une u… Ainsi, Ecce Homo, qui, à première vue, ressemble parfois à un exercice délirant de mégalomanie prétentieuse, est en réalité l’expression d’une formidable modestie : « Parvenu à ce point, il n’est plus possible d’éluder la véritable réponse à la question : Comment devient-on ce que l’on est ? Hegel, Heidegger et la grammaire de l'être. Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses. Être soi-même, n’être que soi-même, c’est toujours le fantasme de s’exprimer sans entraves et de choisir ce qui nous plaît. ISBN : 9782740305881. 9 likes. On n’a pas besoin de présupposer un agent qui soit la cause d’une action. Le confesseur, le juge, le professeur, le psychanalyste, le journaliste, le meilleur ami, tout le monde oblige tout le monde à se dire, à être vrai, sincère. Il devient l’unité de l’être-autre en soi et pour soi mais encore séparé d’abord comme être-pour-autre-chose puis être-en-soi qui en sont les moments (ils sont l’être et le néant différenciés dans l’être-là. Nb de pages : 368. juste des citation philosophique L'être et le devenir. Et il faut même les y aider ! Répondre. Car l'Etre ne saurait être défini que par lui-même ; l'essence de l'être échappe donc néces¬ sairement à la méditation d'un sujet fini pour qui l'être ne devient saisissable que dans la relation qu'il soutient avec ses propres signes. Nietzsche ne cessera de marteler sa critique radicale du sujet, de la conscience, du « moi ». De quoi renouveler l’expérience de Dorian Gray. On la retrouve des dizaines de fois dans ses notes, ses œuvres et sa correspondance. L'Être et le Néant, sous-titré essai d'ontologie phénoménologique, est l'ouvrage philosophique principal de Jean-Paul Sartre publié en 1943. Il faut avoir la patience de tendre l’oreille longtemps et de guetter ces moments où l’on peut jeter un regard sur ses actes et dire, presque avec gratitude : c’est donc moi qui ai fait cela ? L’être n’est ni dérivable définitionnellement de concepts supérieurs, ni exposable à l’aide de concepts inférieurs. Date de parution : 01/10/1998. Devenir ce que l’on est, au con­traire, c’est vouloir tout ce qui est, soi-même compris. Répondre. selon heraclite tout est changement et selon parmenide tout est contraire. Pour certains, elle serait le motif même de cette histoire, les différences entre les philosophies découlant, au plus profond, de la diversité des réponses à la question sur l'être. Il apparaît ainsi comme un moment d’importance dans la Phénoménologie de l’esprit. Répondre. Facebook is showing information to help you better understand the purpose of a Page. Première version (1804-1805) 2 Selon les leçons d’Iéna de 1804-1805, le temps est le premier moment de la philosophie de la nature. Oeuvres de Hegel: La Phénoménologie de l’Esprit (1807), son … « Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou » : tandis que nous courons comme des lapins dingues sous les phares des incertitudes (sanitaires, économiques, écologiques, etc. Le concept désigne l’aspect véritable de ce qui est individuel, ou encore l’individuel sous son aspect véritable. N° de collection : 27. Avec d’autres figures de la conscience malheureuse, le scepticisme, selon Hegel, gravite à « la périphérie du lieu natal de l’esprit ». Hegel choisit de devenir non pas pasteur, ce à quoi le disposait sa formation théologique, mais plutôt précepteur. La vérité est que nous ne savons jamais d’avance ce que nous sommes et n’en pouvons rien dire, parce que, le temps de dire notre vérité, quelque chose a déjà changé en nous, ou dans notre dos. Car Nietzsche s’adressait bien à nous par dessus un siècle, quand il décrivait ces « derniers hommes », qui prennent « un peu de poison de temps à autre, cela donne des rêves agréable. Mais une différence se produit chez l’être humain. Les textes des grands philosophes recèlent parfois des phrases excessives, voire inadmissibles. Je connais l’objet comme mien (c’est ma représentation), donc en lui, je me connais. Ainsi cette déclaration d’une rare violence, écrite par Nietzsche dans sa dernière œuvre achevée, L’Antéchrist. pp. Penser, c'est comprendre que l'essence (ou la vérité) doit se réfléchir dans ce qui est, qu'il n'y a pas de séparation absolue entre kr pensée (comme activité du sujet pensant) et la réalité (comme objet à penser). Démonstration en six étapes. Parler de soi, penser à soi, est devenu une activité pornographique. C’est ta pensée maîtresse que je veux entendre, et non que tu t’es délivré d’un joug » (Ainsi parlait Zarathoustra, « De la voie du créateur »). Mais suit-il de là que l’« être » ne puisse plus poser de problème ? On dit que Pindare était familier du temple d’Apollon à Delphes, au fronton duquel on pouvait lire : « Connais-toi toi-même ». Contempler sans risque les dégâts de la malbouffe ou du vieillissement sur son visage, c’est ce que proposent ces deux applications pour smartphones. C’est en ce seul sens que s’articulent « liberté » et « destin » – « Tu te dis libre ? DOI : https://doi.org/10.3406/rhpr.1946.3173, www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1946_num_26_1_3173, 76 REVUE D'HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE RELIGIEUSES. Sous-titre : Auteur : Pierre Ceslas-Courtes. On peut être à peu près sûr que chaque fois que l’on revendique hautement d’être soi-même, on veut ce que l’on n’a pas, ce que l’on n’est pas. Seulement, selon Hegel [16], chaque chose ne peut exister comme individuelle qu’en incluant toujours l’universel ou, plus précisément, en passant par la médiation négative de l’universel. Écart sans excuse ou provocation salutaire ? https://nospensees.fr/la-dialectique-du-maitre-et-de-lesclave-de-hegel Inséparables et opposés les deux termes d'être et de devenir soutiennent, non seulement à travers la variété des systèmes philo¬ sophiques, mais encore à travers la variété des expériences humai¬ nes, une dialectique vivante, dont il importe de dégager l'origine et la signification. Ils dessinent chacun une voie singulière pour faire face. Notre bonheur n’est pas un argument. D’où des formules scandaleuses pour la logique classique : « le concept d’être […] équivaut, dans son absence de contenu, au néant. 76-88. ), cet aphorisme de Nietzsche provoque. Répondre. » Là où Freud, l’autre grand découvreur de l’inconscient, aspirait à ce que le moi prît la main sur le ça, Nietzsche aspire au contraire à ce que le moi accepte sa réintégration au sein du soi, synthèse supérieure et en grande partie inconsciente qui forme un individu complet.