Sans personne avec qui partager ma souffrance, personne pour me sécuriser, cela va être beaucoup plus difficile de dépasser ce malheur. Pour la plupart des hommes, le bonheur ne devient concret que lorsqu'il est perdu. Ce qui faisait qu’auparavant un individu trouvait du sens à sa vie, c’était d’appartenir à une communauté, un territoire, une église, etc. Des ouvrages qui ont connu un fort succès en librairie. Maintenant, sur un plan plus personnel, je crois que le chemin intérieur que j’ai parcouru, c’est en fait une acceptation de la fragilité. Je crains moins ce qui m’attend que ce que j’ai surmonté. Un jour, une jeune prof s’est approchée de moi, je lui dis : « Si je le fends, il va souffrir ! Ma mère, quant à elle, était certainement aimante, mais elle ne le manifestait pas du tout, parce qu’elle avait reçu une éducation catholique extrêmement stricte, dans laquelle il ne fallait ni toucher ses enfants ni leur dire qu’on les aimait. B. C. : Je dirais que le vrai tranquillisant, le vrai antidépresseur, c’est la relation affective. Auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, il écrit aussi pour le théâtre et la télévision. Celui-ci lui a dit : « Le temple est là, l’église est là, la synagogue est là, choisis. F. L. : C’est pour ça que Spinoza nous dit que tout amour vrai, que toute joie profonde, sont éternels. Mais en même temps, j’ai regardé tout ce qu’il y avait eu de beau dans ma vie avec ma compagne. La religion donnait du sens, rassurait, faisait du bien. Mais c’est plus difficile de trouver une spiritualité personnelle que d’hériter d’une spiritualité intégrée dans un système religieux qui vous donne une explication à tout. - ℹ - Biographie : Essayiste et journaliste français (1962- ). Peut-on le lui reprocher? F. L. : Bien sûr. La Consolation de l'ange Livre d'occasion écrit par Lenoir, Frédéric paru en 2019 aux éditions Albin Michel. J’ai donc eu une ambition forte, mais je me tirais une balle dans le pied dès que je commençais à réussir. Frédéric Lenoir nous offre un joli conte initiatique truffé d'aphorismes simples, plein de sagesse, un conte qui saura aussi bien toucher les petits que les grands par ses différents niveaux de lecture. Etty Hillesum ne regarde pas juste la douleur de l’instant présent – ce qui est l’argument de Luc Ferry –, elle regarde l’ensemble de son existence comme un tout indivisible. Les Américains, c’est le contraire… tout est beau, « amazing », comme ils disent. Il démissionne de son poste de directeur du Monde des religions le 23 octobre 2013[12]. Quand on est enfant, on n’a pas le choix, on subit. Ce n’est pas le cas de mon ordinateur. Et puis, il fallait absolument que je devienne écrivain, comme Georges Perec, pour, comme il l’écrit dans W ou le souvenir d’enfance, offrir une sépulture à mes parents. Frédéric Lenoir a beaucoup travaillé pour atteindre cette sérénité si précieuse pour affronter les fragilités de la vie. Soyons conscients de ce qui va mal, mais sachons aussi regarder ce que la vie peut offrir de merveilleux. Car il n’y a plus ces nourritures affectives et sensorielles : les blagues, les rires, les accords et désaccords, tout ce qui fait la vie. En revanche, j’ai des amis qui, eux, en ont perdu plein, parce qu’ils ont toujours l’impression qu’on les agresse. Avant-propos Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été touché par la beauté du monde. Il y a une sorte de paix, je dirais même de joie qui a accompagné la tristesse. Une fois l’hébétude passée, je me suis dit qu’il fallait que je m’engage, parce que si je me taisais, je me faisais complice. Présentation. La lumière revenue, je découvre mon dessin : un côté du corps est complète- ment atrophié et l’autre amplifié. » Parce que pour elle, quand on fendait l’animal, il avait juste un réflexe, c’est pour cela qu’il criait, ce n’était pas une souffrance. Avant, c’était un sale gosse, difficile à supporter, même pour sa mère. Il a su faire des difficultés qu’il a vécues – cette enfance douloureuse qu’on connaît – un chemin de lumière, duquel s’est dégagée une vraie sérénité. Et donc quand j’ai dit que je comptais faire des études, les gens ont éclaté de rire. Si j’aime Spinoza, c’est parce que cet homme-là dit mieux que moi tout ce que j’ai compris de la vie ! Quand on me dit que la France vieillit, ce n’est pas vrai ! Aujourd’hui, j’ai fait ce chemin et j’aime la vie telle qu’elle est, avec ses hauts et ses bas, avec son lot de joies et de tristesses. Select from premium Frederic Lenoir of the highest quality. Ce phénomène, on le photographie, on le mesure. Qui est Frédéric Lenoir ? C’est pour ça que, depuis quelques années, je me suis lancé dans des engagements très prenants, comme la création d’une fondation (SEVE, Savoir Être et Vivre Ensemble) dans laquelle on développe des ateliers de méditation et de philosophie à destination des enfants. On n’oublie pas l’enfance douloureuse, mais on s’appuie sur autre chose. [...] Je reproche à cette pensée du bonheur d’oublier le négatif : la vie est un lot, avec du meilleur et du pire. Une régression, parce que l’individu se retrouve bien souvent dans une grande solitude ; mais aussi un progrès, parce que cette situation lui laisse beaucoup plus de liberté pour choisir ce qui fait sens pour lui, plutôt que de subir le sens collectif. J’attends quelque chose des autres, et s’ils ne me le donnent pas, je prends ça comme une perte. Le Choix de l’école : contribuer à la valorisation du métier d'enseignant. ), et puis, progressivement, j’ai compris que, peut-être, si j’en étais là, c’est aussi parce que j’ai eu ce père et cette mère qui m’ont permis de me poser ces questions, et puis surtout parce que j’ai eu de vrais secours dans la vie. Méditer à cœur ouvert, Frédéric Lenoir, NiL Éditions, 176 pages, 19 euros. F. L. : Quand j’ai entendu le ministre de l’Agriculture dire qu’on ne savait pas si les animaux souffraient lorsqu’ils sont abattus ! Frédéric Lenoir travaille souvent en binôme avec une femme, ce qui en fait sourire certains, et gagne maintenant beaucoup d'argent. Ça commence par le bleu du ciel, le café ou le thé que l’on boit le matin, le vent que l’on ressent sur sa peau… Je pense que si on « conscientise » et on additionne tous ces petits plaisirs, on vit mieux, notamment les insatisfactions qui nous arrivent. Spinoza, lui, réconcilie le corps et l’esprit. Quand j’étais enfant, je pensais que tout ce qui m’arrivait était une malédiction… j’étais juif, j’allais donc mourir. »Par Frédéric Lenoir, philosophe et écrivain. F. L. : Mon ami André Comte-Sponville a une très belle phrase : « La sagesse, c’est le maximum de lucidité dans le maximum de bonheur. F. L. : Les empreintes de l’enfance n’ont pas disparu, il y a encore des blessures, mais ce ne sont plus elles qui me font agir. J’ai éprouvé, en pleine souffrance, la beauté de ce ciel. C’était normal qu’on me tue, puisqu’autour de moi, c’était ainsi. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages vendus à plus de 7 millions d’exemplaires dans le monde, Frédéric Lenoir nous livre un roman profond et émouvant, dans la veine initiatique de L’Oracle della Luna ou de L’Âme du monde. Mais je pense qu’on a, en effet, quitté la religion pour aller vers la spiritualité. Or, au même moment, tous les soirs, un Allemand en uniforme noir – logiquement, c’était un SS – venait s’assoir à côté de moi, me parlait en allemand et me montrait des photos d’un petit garçon qui avait mon âge. Frédéric Lenoir, né le 3 juin 1962 à Tananarive (Madagascar)[1], est un sociologue, écrivain, journaliste et conférencier français, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales. » J’ai d’autres exemples en tête, comme celui de cette femme, que j’ai connue alors que j’étais encore praticien, qui perd son fils de 14 ans d’un lymphome fulgurant, et qui me dit, au lendemain de son décès : « L’année qui vient de s’écouler a été la plus belle histoire d’amour de ma vie. B. C. : Vous avez employé le mot « empreinte », qui est assez juste. Ce sont des phrases auxquelles j’ai été confronté petit. Des rencontres extérieures à ma famille aussi. Les traces ne disparaissent jamais, mais la connotation affective de la trace peut changer. En 1986, il entre aux Éditions Fayard comme directeur littéraire[11], poste dont il démissionnera en 1991 pour se consacrer à l'écriture et à la recherche, en tant que chercheur associé à l'EHESS. Donc je dirais que cette liberté est un formidable progrès… mais quel prix à payer, c’est vrai ! - Une citation de Frédéric Lenoir Parce qu’à 50 ans, ils ont résolu en grande partie leurs problèmes, ils vont beaucoup mieux avec eux-mêmes et avec les autres. Et là-dessus, je pense que la raison joue un rôle. La médecine, pour un enfant d’immigré, c’est se faire accepter, c’est se faire accueillir par une société qui ne m’avait pas accueilli, au départ. Prenons cette crise (le confinement) comme une opportunité d'un retour sur soi et bien sûr aussi d'une plus grande attention à ses proches : passer plus de temps avec sa famille, jouer et échanger avec ses enfants, parler au téléphone plus longuement avec ses amis sur les choses les plus essentielles de nos vies. Ce sont les bouquins, la tête pleine de souvenirs, de rêves, etc. Un enfant privé d’interaction affective, au sens banal du terme (jouer avec les autres, être toiletté, faire le pitre, recevoir des câlins, mais aussi être grondé), voit son cerveau altéré, atrophié. Une « bonne heure », c’est vrai, de temps en temps, ça m’arrive. B. C. : Germaine Tillion dit la même chose qu’Etty Hillesum. Dans ces lettres, elle écrit que, malgré les traitements inhumains qu’elle subit, ses bourreaux ne peuvent lui enlever ni l’amour qu’elle a de la vie ni sa joie intérieure. Vous avez vraiment aimé quelqu’un, ne serait-ce que deux minutes, cela reste en vous pour toujours. Auteur prolifique, il a écrit près d’une cinquantaine d’ouvrages, traduits dans une vingtaine de langues et vendus à des millions d’exemplaires. F. L. : Ma première motivation, au départ de la vie, c’était de trouver un équilibre dans le déséquilibre. Code ISBN / EAN : La photo de couverture n’est pas contractuelle. Le film DES FEMMES ET DES HOMMES rend compte de l’évolution de nos sociétés sur une question fondamentale, l’égalité entre les femmes et les hommes. Son fils avait compris qu’il allait mourir. En fait, aujourd’hui, j’ai 81 ans, et je continue à poursuivre les mêmes rêves. Être heureux, c’est être un imbécile. Ayant eu une enfance blessée et non secourue, je suis prisonnier de mon passé, j’ai donc une probabilité de souffrir davantage si je reçois un coup (le deuil, l’échec aux examens, une rupture sentimentale, etc.). F. L. : Et la condition animale, telle qu’on la connaît aujourd’hui, où les animaux sont utilisés comme des choses, c’est aussi un héritage de Descartes, qui a considéré que l’homme, étant maître et possesseur de toute chose, pouvait utiliser les animaux comme de la matière, comme on utilise les ressources naturelles. Mais vous savez, si je crois que la lucidité est nécessaire, elle ne conduit pas nécessairement au nihilisme et au pessimisme. Il s'imprègne alors des écrits présocratiques, d'Épicure, des stoïciens, d'Aristote avant de se tourner vers l'Orient grâce aux livres d'Arnaud Desjardins et un voyage en Inde chez les bouddhistes tibétains[7]. Mon moyen de dépasser mes émotions, c’est d’agir. Fanou Barberan shared a post. Son premier livre de méditations pour adultes est accompagné d’un CD guidé par l’auteur et mises en musique par Logos (Stephan Sicard), le plus célèbre compositeur français de musique méditative. Même dans les pires situations, j’ai tendance à penser que l’on me veut du bien. J’ai moi-même lu presque tous les livres de Boris Cyrulnik, et ils m’ont beaucoup aidé dans mon cheminement intellectuel. Frédéric Lenoir est parti sur les traces du sacré à travers le monde, en quête de cette expérience mystique universelle. De 2009 jusqu'en 2016, il devient producteur et animateur de l'émission Les Racines du ciel sur France Culture avec Leili Anvar, une émission consacrée à la spiritualité, qu’il décide d’arrêter pour se consacrer entièrement à l’écriture et à ses engagements associatifs. La jeune femme sortit de sa yourte et contempla le ciel étoile. Cela dit, j’ai quand même perdu une amie pour des raisons d’argent. Frédéric Lenoir, né le 3 juin 1962 à Tananarive (Madagascar) , est un sociologue, écrivain, journaliste et conférencier français, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales. Elle pense à la mort, ne veut plus lutter… Et elle nous raconte : « J’ai cessé de souffrir quand j’ai vu le bleu du ciel, en hiver, à Ravensbrück. Je n’ai pas été en colère, mais K.O. Mon chien, lui, adore Lacan. Frédéric Lenoir, né le 3 juin 1962 à Madagascar, est un sociologue, écrivain et conférencier français, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales. J’irai alors puiser dans cette représentation de quoi m’aider, de quoi m’en sortir. Quand j’étais jeune, une femme qui mettait au monde un enfant, quel que soit son milieu social, la précarité de sa situation, était entourée. Mais pour poursuivre cette question littéraire, c’est vrai qu’il y a une tradition intellectuelle française, depuis le XIXe siècle – je dirais de Flaubert, voire de Voltaire, à Luc Ferry – qui considère que le bonheur est quelque chose d’idiot. Ce parcours, et les explications qu’il a su donner sur celui-ci ont remis beaucoup de personnes qui souffraient sur un chemin d’espoir. En revanche, sur certains sujets, je ressens aussi une nécessité de passer à l’acte… comme, par exemple, lorsqu’on dit « les gosses des quartiers sont perdus, ils ont de mauvais résultats scolaires, regardez d’où ils viennent ». Et avec Cioran, j’ai un point d’accord, un seul : nous aimons tous les deux Jean-Sébastien Bach ! Je voudrais prendre un exemple lié à une tragédie : l’histoire d’Etty Hillesum, cette jeune femme néerlandaise qui a été déportée. Voici un entretien que l’on aurait aimé prolonger encore…, Propos recueillis par Anne-Sophie Beauvais, Boris Cyrulnik et Frédéric Lenoir (crédits : Aglaé Bory). Find the perfect Frederic Lenoir stock photos and editorial news pictures from Getty Images. Même quand j’ai fait médecine, on continuait de me dire, parce que je ne touchais pas de bourse et que je travaillais donc en même temps, que je n’y arriverais pas. Et à 70 ans, c’est vrai que commencent les problèmes de santé, qu’arrive la perte de proches, etc. Je rejoins ce que disait Boris Cyrulnik à l’instant : j’ai eu des frères et sœurs merveilleux. Le bonheur viendra, en effet, comme le dit Frédéric, de la manière dont on regarde la vie. Il y a plein de petites choses, chaque jour. C’est un peu la citadelle intérieure des stoïciens. B. C. : Quand j’ai été arrêté, en prison, pendant la guerre, j’ai compris que ma famille avait disparu et qu’on allait me tuer. C’est aujourd’hui un homme de 81 ans, qui paraît éternellement jeune, et empli de cette sagesse, profonde et généreuse. Actuellement, en discutant avec vous, je suis en train de vivre une « bonne heure », et on va faire en sorte que ça dure. On s’entoure de photos, on grave son nom sur une pierre, on écrit aussi pour moins souffrir de la perte. Après son baccalauréat, il suit de 1980 à 1985, des études de philosophie à l'université de Fribourg, en Suisse, où il rencontre Emmanuel Levinas et Marie-Dominique Philippe[1]. B. C. : Pour moi, ce n’est pas seulement un lien, c’est une part de la condition humaine qu’on partage avec les animaux, c’est une parenté. B. C. : Je suis pathologiquement non coléreux. Comment affirmer cela quand on les voit hurler, se débattre, gesticuler ? Je me disais, à cause de mon enfance, que jamais je ne pourrais séduire une femme venant d’où je viens. Et quand je piquais au bistouri, les animaux criaient, alors j’arrêtais tout. C’est aussi quelque chose qu’il faut réparer. Pocket, janvier 2013. B. C. : Les Américains, en réalité, acceptent toutes les religions, mais ils n’acceptent pas que l’on soit sans religion. Et ça a été un grand moment de bonheur, de plaisir. Dans son dernier opus, il nous propose de découvrir cette pratique millénaire qui aide à harmoniser esprit, cœur et corps. Ce sont comme des traces, des cicatrices. Touché par le message des Évangiles, il y passera trois ans tout en poursuivant ses études de philosophie[9]. En France, il y a eu un déni culturel. Frédéric Lenoir va sortir un livre sur l’apprentissage de la philosophie par les enfants. L’argent, ce n’est pas simple dans l’amitié… je donne beaucoup d’argent à mes amis en difficulté, et, une fois, il est arrivé qu’à une personne qui m’en demandait toujours plus, j’ai dit non. Un enfant qui a grandi de manière sécurisante saura mieux affronter les difficultés par les représentations du bonheur qu’il aura eues grâce à son éducation. En plus de ça, Frédéric Lenoir, qui est un grand spécialiste de Spinoza, m’a réconcilié avec ce philosophe, ce qui, après ma fâcherie avec Descartes, était bienvenu…. Directrice en charge de la levée de fonds auprès des anciens élèves de Sciences Po dans les années 2000, elle occupait précédemment un poste de conseiller au sein du cabinet du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Je connais beaucoup d’hommes politiques qui ont fait carrière avec moins que ça ! Et quand j’étais enfant, je n’avais que des vieux autour de moi, maintenant je n’ai que des jeunes autour de moi. F. L. : Mais cette idée existe toujours ! Si vous avez aimé « l’alchimiste » de Paulo Coelho, ce livre initiatique de Frédéric Lenoir vous enchantera. Mais je travaille en éthologie avec des vétérinaires qui me disent que les chiens humanisés, c’est-à-dire les chiens avec qui on vit tous les jours, comprennent 150 à 200 mots. Cette réunion s’est faite avec une trentaine d’amis, des glorieux, des moins glorieux. Anne-Sophie Beauvais (promo 2001) a été directrice générale de Sciences Po Alumni et rédactrice en chef du magazine Émile. Maintenant, je ne souffre plus de ce qui est arrivé. Et si on laisse la mère seule avec son malheur, il y aura une forte probabilité que l’enfant interprète mal les coups de la vie. B. C. : Cette notion d’animal-machine a fait beaucoup de mal aux animaux. F. L. : Je vais vous dire pourquoi je parle du bonheur… c’est parce que j’étais malheureux ! C’est là-dessus qu’on peut travailler, et on peut tous le faire. Mais je m’occupe aussi de beaucoup d’enfants à travers mes ateliers philo. À cette époque, il découvre également la pensée de Carl Gustav Jung qui marquera son parcours intellectuel[8]. Et donc je me suis dit qu’il fallait que je le lise. Cette nomade, gardienne de troupeaux, aimait l'espace infini du ciel, comme elle aimait l'étendue des steppes de Mongolie dans lesquelles elle avait presque toujours vécu. Il a freiné, quasiment empêché le démarrage de la psychologie et de la psychiatrie. C’est en partie vrai, c’est en partie faux. Et sa mère l’a accompagné jusqu’à sa mort. Le livre est constitué de cinq tableaux illustrant le thème de la quête du sacré qui « en fin de compte, se lit plus dans un visage ou un paysage qu’à travers des mots. Frédéric Lenoir a reçu de nombreux prix en France et à l'étranger, parmi lesquels : Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Et donc sur la cause animale qui me tient à cœur, j’ai écrit un livre, j’ai créé une association, je milite pour essayer d’avoir un impact sur le réel plutôt que de le subir. Un jour, on nous a demandé de dessiner notre corps dans le noir, en état de relaxation. Ce chemin est passé par 15 ans de thérapie, et par un apprentissage philosophique et spirituel. Frédéric Lenoir : J’ai fait une thérapie de groupe pendant trois ans, à raison de cinq ou six week-ends par an. B. C. : Il y a beaucoup de petits quelque chose… Avec l’âge, je risque d’éprouver du plaisir à l’isolement. Dans son désespoir, elle a vraiment ressenti cette année comme la plus belle histoire d’amour de sa vie… Et je comprends aussi très bien Frédéric lorsqu’il nous dit que, malgré la mort, sa femme est encore présente. Quand on est blessé, si on est laissé seul, on ne peut qu’entretenir la blessure. Boris Cyrulnik est éthologue et moi, d’un point de vue philosophique, c’est une question qui me passionne. En 1986, il entame à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) une thèse de doctorat en sociologie sur la rencontre du bouddhisme et de l'Occident qu'il obtiendra avec les félicitations du jury à l'unanimité en 1999[10]. Cela a été le départ d’un questionnement, et c’est vraiment l’imaginaire et l’intelligence qui m’ont sauvé, parce que j’étais bloqué dans mon corps et mes émotions. Le bonheur selon les Grecs n’était pas comme notre bonheur à nous. L’être humain, en parlant, crée un monde de représentation… les animaux, eux, ont moins de choses à dire. » Je cherche toujours à être le plus lucide possible, donc, oui, je peux lire des ouvrages de personnes qui ne pensent pas du tout comme moi. Parce que l’intelligent est celui qui voit tout ce qui va mal. Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue, écrivain, publie en cette fin d’année un superbe ouvrage reprenant les photos et le récit de son voyage autour du monde. Mais j’ai travaillé autour de cet événement, et j’ai réussi à métamorphoser la représentation de ma mémoire. Quand j’ai entendu le premier discours du genre, ça m’est tombé sur la tête. C’est très lié à notre structure psychologique. Et par ces souvenirs, elle continue d’exister, d’être dans mon cœur. Parmi les écrivains, on trouve un nombre anormalement élevé d’orphelins… j’avais commencé une liste que j’ai arrêtée, mais j’avais de quoi faire un livre rien qu’avec tous ces noms. Frédéric Lenoir, le quadrant Nord Ouest, nocturne, constitué des maisons 4 5 et 6, prédomine chez vous : il s'agit d'un secteur qui privilégie la création, la conception et l'approfondissement ou l'apprentissage dans un souci de service à autrui, en faisant la belle part au relationnel. Elle ne voulait pas s’attacher à l’autre enfant, c’est-à-dire moi. F. L. : J’en ai pas mal aussi, donc on ne va pas faire une liste exhaustive ! Parce qu’il m’éclaire sur une manière sombre de regarder l’humanité. Cela m’a toujours empêché de penser qu’il y avait le mal radical d’un côté, et le bien radical de l’autre. Cela fait 35 ans que je pratique la méditation et que je fais ce travail sur moi qui m’a permis de transformer complètement ma relation à la vie. Mais la sérénité de la jeune femme est rapidement troublée par une série de meurtres sur le chantier d'un de ses collègues à Pompéi et l'étrange Quand on arrive au monde, on est soumis à la niche sensorielle qui nous entoure, c’est-à-dire essentiellement celle de nos parents, de notre foyer. Je voulais aussi, jeune, être au bord de la mer. Dans cette partie de “L’Âme du Monde”, Frédéric Lenoir met les 7 sages à l’épreuve.En effet, conscients que les choses qui les séparent sont plus évidentes que celles qui les rassemblent, les sages se sentent dans l’impasse. Je me dis que ce sera une autre forme de fragilité, elle sera physique, alors que j’ai connu des fragilités psychiques qui étaient très lourdes. Frédéric Lenoir est un écrivain, philosophe et conférencier français né à Madagascar en 1962. Frédéric Lenoir est philosophe et sociologue des religions. En avril 2018, elle a publié On s'était dit rendez-vous dans vingt ans (Éditions Plon), un ouvrage sur les coulisses de la génération Macron. Et cette image d’ambivalence – quelqu’un qui voulait me tuer, mais qui venait me parler gentiment – m’a beaucoup protégé. L’affection que je n’avais pas avec mes parents, je l’ai eue avec eux. C’est tellement hétérogène qu’on ne sait pas ce que cela désigne. B. C. : C’est faux ! Pour ma part, j’ai eu un père violent et tyrannique, qui m’a donné une injonction paradoxale, c’est-à-dire « sois quelqu’un d’important, dont je sois fier, mais surtout ne me dépasse pas ». On est dans un déni de réalité, pour des motivations purement économiques. « Onfray, Comte-Sponville, Lenoir, Ferry [...] ces philosophes se servent le plus souvent des penseurs de l’Antiquité, en oubliant les deux mille ans et plus qui nous séparent. Mais je voudrais situer le problème de manière plus sociologique. Qui disait que les gens heureux n’ont pas d’histoire ? Sept sages venus des quatres coins du monde se réunissent pour transmettre à deux jeunes adolescents les clés de la sagesse universelle. Et j’étais surpris de réclamer un repas russe ou polonais. Frédéric Lenoir, philosophe, historien des religions et chercheur associé à l'École des hautes études en sciences sociales. Et quand quelqu’un, un ami, fait un acte qui me déplaît, je me pose plutôt la question « qu’est-ce qui le fait souffrir ? Ces motifs sont peut-être précisés sur la page de discussion. » Mais cette ouverture sur la spiritualité, qui donne cette confiance aux Américains, je me demande si ce n’est pas aussi un risque de totalitarisme : c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule manière d’être humain, c’est la leur, et tous ceux qui ne pensent pas comme eux ne sont pas de vrais êtres humains. Regardez la différence entre l’Europe et les États-Unis. J’aspirais à la sérénité et à la joie. » Comment expliquer ça ? Les deux cohabitent. Vous savez, j’ai déjà raconté cela lors d’une conférence. Tous droits réservés. J’ai réalisé ce rêve fou. La vie a donc été douloureuse et très vite, vers 7-8 ans, je me suis interrogé pour savoir comment être heureux, comment trouver ma place sur terre, comment donner un sens à ma vie. Directeur du magazine Le Monde des religions, il est l'auteur d'essais et de romans historiques qui ont connu un succès international. Mon éditrice, Odile Jacob, pour mes 80 ans, m’a fait la même proposition… J’ai téléphoné à des amis d’enfance, à d’autres, plus récents. Dans les plus contemporains, j’irais plutôt vers Houellebecq : je suis radicalement différent de lui, mais j’adore le lire. Il fallait aussi que j’acquière un métier stable. Ce dernier lui fait découvrir la Communauté Saint-Jean qu'il a fondée en 1975. Et ce qui fait qu’après une vingtaine d’années de quête et de travail sur moi, j’ai appris à aimer la vie de manière inconditionnelle. Je crois évidemment que le bon chemin est celui de l’équilibre. B. C. : Cela commence même dès la grossesse. F. L. : Je pense que j’étais en colère contre la vie pendant très longtemps (pourquoi ce père, pourquoi cette mère, pourquoi cette souffrance ? Par les aliments, je souhaitais retrouver mes racines, que je connais mal, finalement. Évidemment, dans le présent, elle n’est pas là. - Une citation de Frédéric Lenoir Aux 4 coins de la planète, à travers des lieux emblématiques, l'écrivain et philosophe Frédéric Lenoir nous emmène à la découverte des héritages sacrés de notre monde. F. L. : C’est vrai ! Il sort du dualisme cartésien, de l’opposition entre culture et nature… Grâce à Frédéric Lenoir, j’ai lu et compris Spinoza ! Un bonheur absolu, total, n’existe pas sur terre. La dernière modification de cette page a été faite le 13 novembre 2020 à 21:02. ePub F. L. : La religion n’étant plus là, c’est vrai, pour la majorité des Occidentaux, c’est plus dur à vivre. Déjà … Un de mes amis est parti aux États-Unis et a été accueilli, à Philadelphie, par une famille, dont le père était camionneur. Pour moi, la plus grande part de liberté que nous avons, c’est la manière dont on réagit aux événements. La basilique de Vézelay : une des plus anciennes églises dédiées à Marie-Madeleine, la pécheresse des Évangiles. F. L. : D’abord, j’ai en partie élevé les enfants des femmes qui ont accompagné ma vie depuis une trentaine d’années. Donc maintenant, je dirais que mes aspirations se portent plus vers les autres, vers la société. Quand j’étais étudiant en médecine, on apprenait à disséquer sur une petite planche en bois à partir d’animaux vivants, et on devait les fendre du sternum jusqu’au pubis. Tous ces lieux d’enracinement se sont effacés. Et pour moi, c’est à la fois une régression et un progrès. Les Américains restent profondément croyants, à 95 %, et ça donne un sens à la fois à leur vie personnelle, mais aussi à la collectivité. Ils ne disparaissent pas, mais vivent en vous. debout, hébété. Des regardsDes rencontresDes grands formatsDes inclassables, À propos d'ÉmileLe magazineNous contacterMentions légales. Questions pratiques sur ma biographie, mes livres et les différentes conférences et interventions dans les médias Frédéric Lenoir découvre la philosophie par l'intermédiaire de son père René Lenoir (secrétaire d’État à l'Action sociale de 1974 à 1978 sous Valéry Giscard d'Estaing) qui lui donne à lire Le Banquet de Platon à 13 ans.