La scolie introduit alors les notions de bien et de mal, tels qu’ils épousent le mouvement de l’affectivité : il n’y a de bien et de mal qu’en fonction de notre intérêt, indépendamment de tout critère absolu. Citations de Spinoza. 4 Il faut concéder à chacun le pouvoir de penser ce qu'il veut et de dire ce qu'il pense. 19Le culte s’inscrit ainsi dans une logique de l’alternative de l’espoir et de la crainte, la volonté divine n’étant alors que « l’asile de l’ignorance ». Il a su en effet montrer « de quelle imprudence la masse fait preuve alors qu’elle supprime un tyran, tandis qu’elle ne peut supprimer les causes qui font qu’un prince devient un tyran, mais qu’au contraire, plus le prince a de sujets de crainte, plus il y a de causes propres à faire de lui un tyran, ainsi qu’il arrive quand la multitude fait du prince un exemple et glorifie un attentat contre le souverain comme un haut fait »11. - Une citation de Baruch Spinoza. Il convient toutefois de distinguer ces constructions philosophiques et théologiques des préjugés du vulgaire, sur lesquelles elles reposent néanmoins et auxquelles elles ne font que donner de fait une légitimation théorique. La paix est-elle ce que l’État peut imposer par n’importe quel moy… S’il peut apporter la sécurité d’une assurance survie, cet espoir fait resurgir la peur, dans la mesure où nous sommes à nouveau ballottés entre des maux plus ou moins grands : nous préférons l’ascèse du renoncement en cette vie, plutôt que le châtiment éternel. Nous disposons ainsi d’une définition génétique et d’une idée adéquate de la superstition qui nous en livre la cause : la cause de la superstition c’est la crainte en tant qu’elle est accompagnée d’ignorance et provoque un égarement donnant lieu à un délire de l’imagination. En ce sens, les prêtres et les devins sont plus avisés que les philosophes et meilleurs politiques : ils sont ceux qui assurent la projection de la superstition vers l’avenir. Il en résulte deux conséquences : 1. les hommes croient être libres car, conscients de leurs volitions et de leurs désirs, ils ne voient pas les causes qui motivent ces désirs ; 2. ils agissent toujours en vue d’une fin, qui est l’utile qu’ils désirent. Baruch Spinoza / Philosophe, 1632 - 1677 Retrouvez ici des citations de Baruch Spinoza venant de ses essais et pensées philosophiques. 2013 - Paix ou Guerre Tout est soit une manifestation d'amour et de paix qui élève, soit une manifestation de peur qui provoque des affrontements souvent minimes, mais toujours conséquents. On est frappé de stupeur en ce sens que nous concevons le désir d’écarter le mal comme réduit par l’étonnement, et flottant en ce sens que ce désir est réduit par la peur d’un autre mal qui nous tourmente également. Haïr quelqu’un c’est l’imaginer comme une cause de tristesse, et donc l’écarter ou le détruire. On voit alors se déchaîner un délire interprétatif, où les choses nuisibles sont attribuées à la colère de Dieu et les bonnes choses, à sa bienveillance. De telles représentations et associations d’idées reposent sur l’imagination. AccueilNuméros6VARIASpinoza et le problème de la peur... L’objectif de l’article est d’analyser le rôle des affects de crainte, de peur et d’espoir dans la vie collective des individus et la constitution de l’État pour montrer comment la politique de Spinoza repose sur une physique des forces et une chimie des passions. Or, si le doute est une suspension du jugement, il n’est pas, comme chez Descartes, un acte de liberté, mais une incertitude provenant du flottement de l’imagination, un état psychologique d’inquiétude. La force de ces analyses est de montrer l’ambivalence de l’affectivité en sa projection temporelle. Il y a donc un pessimisme foncier des politiques, expliquant leur cynisme et débouchant sur une consternation, qui est le destin de leur peur. La meilleure citation de Baruch Spinoza préférée des internautes. Ce concept est introduit dans la Préface pour expliquer la superstition, qui sert à gouverner la multitude en régime monarchique en exploitant la crainte naturelle de masses qui ne sont pas gouvernées par la raison. Il s’agit en fait d’une double peur, nous dit l’explication de la définition, car elle est « la crainte qui retient de telle sorte un homme frappé de stupeur ou flottant, qu’il ne puisse écarter le mal ». 8La consternation est ainsi le destin de la peur qui finit par ne plus savoir de quoi elle a peur, si ce n’est d’elle-même, du désir qui est à la racine de toute évaluation affective et qui se fixe sur un objet imaginaire obsessionnel dont l’individu désirant ne parvient à se détacher. Les proposition 39 à 44 portent en particulier sur les sentiments en retour : « en retour » au sens de ce que les sentiments d’autrui à notre égard font naître en nous en retour, par « réplication ». Ce problème est au cœur du Traité politique, où il est montré que, si les masses doivent craindre le pouvoir, celui-ci doit aussi craindre les masses. Or, si les hommes sombrent aisément dans la superstition, ils ne persistent jamais dans la même. Retrouvez les vidéos et les ouvrages des intervenants sur http://philocloud.fr* * * Haussez la réalité d'un ton, abonnez-vous https://goo.gl/MPBYLu. C’est ainsi que nous sombrons dans la peur qui fait que de deux maux redoutés, nous finissons par espérer le moindre, sans avoir cependant la moindre certitude. À la fin du scolie, Spinoza dit que puisque « en tant que nous espérons ou craignons quelque chose, nous l’aimons ou l’avons en haine », il en résulte que « tout ce que nous avons dit de l’amour et de la haine, chacun pourra aisément l’appliquer à l’espoir et à la crainte ». Or, dans tous les cas, on débouche sur une double peur articulant crainte et consternation. Si le désespoir est une tristesse, il comporte aussi sa part de joie, en éliminant l’incertitude liée à la crainte. Or, elle est, de surcroît, conçue comme une récompense de la vie terrestre, un tel espoir ne faisant qu’empoisonner la vie, dans la mesure où comme tout espoir, il reste douteux et dépendant d’une crainte, celle de la damnation. Il y a là comme une sorte de cran d’arrêt de la logique passionnelle. En fait, la mort n’est pas quelque chose d’existant, mais un défaut d’existence et son idée ne peut être que l’imagination obsessionnelle de quelque chose qui n’existe pas. 17Au début de son Traité politique, Spinoza dénonce ceux qui, faute d’une éthique, font une satire. Il en va de même des politiques, qui ont remédié à cette peur par le cynisme et le pragmatisme. 16La superstition procède ici d’une pratique pédagogique : les superstitieux sont des éducateurs qui, au lieu de guider les hommes vers la raison, cultivent la crainte et le calcul propre à la peur, en stigmatisant les vices au lieu d’enseigner la vertu. De même l’ambitieux, pour éviter la honte, préfèrera la réserve à la gloire. Or, c’est l’inverse qui se produit ici : nous commençons par craindre le mal selon le calcul d’intérêt de la peur, pour espérer parvenir à un bien qui, n’étant qu’une assurance survie, ne fait que nous empoisonner la vie. C’est ainsi que Dieu, béni soit son nom, a créé toutes choses, de telle façon qu Spinoza en donne trois illustrations : pour l’avare, le meilleur est l’abondance d’argent, et le pire, la pauvreté ; pour l’ambitieux, le meilleur est la gloire et le pire la honte ; pour l’envieux, le meilleur est le malheur d’autrui et le meilleur et son bonheur, le pire pour autrui. Citation armand salacrou : Je ne crains pas les tourments du feu. 27Spinoza rejette ainsi l’alternative du pessimisme et de l’optimisme et c’est pourquoi il salue en Machiavel le plus pénétrant des penseurs politiques, même si la fin qu’il vise n’est pas claire. 23Si l’homme ne choisit pas de vivre en société, car cela appartient à sa nature, cette socialité n’est cependant pas un accord parfait, mais un jeu de passions et de conflits, dont il faut saisir le mécanisme. La satisfaction comme « joie qu’accompagne l’idée d’une chose passée arrivée inespérément » réfute le désespoir, alors que le remords de conscience comme « tristesse qu’accompagne l’idée d’une chose passée arrivée contrairement à notre espoir » réfute l’espoir7. 13Telle est la source des superstitions combinant espoir et crainte, qui nous font aimer ou haïr des présages et instituent un culte des signes positifs, des bons présages, auxquels nous sommes portés à croire et que nous aimons. Le paradoxe est alors que la joie peut être malsaine, en nous berçant dans l’illusion, et la tristesse saine, en nous poussant à la réflexion. Toutefois, dans la quatrième partie, traitant de la vie affective et de la servitude qui en procède, Spinoza distingue entre la crainte et la peur. 15Dès lors, la crainte de la mort est la plus triste des passions, qui finit par nous empêcher de vivre. C’est donc cet obscur objet de la crainte qu’il convient d’analyser. 10Spinoza envisage ensuite ce cas de figure particulier où nous nous mettons à haïr quelqu’un pour la simple raison que nous imaginons à tort qu’il nous hait9. Tributaire des traces mnésiques du passé et soumise aux contingences du présent, l’affectivité projette, par l’imagination, ses idées et affects dans la durée. 14Or, la crainte fondamentale est la crainte de la mort, car elle est non seulement la plus forte, mais aussi la toile de fond et le destin de toutes les passions. C’est aussi ce qui explique que les révolutions sont nuisibles : tout mouvement de masse suppose en effet une tyrannie intérieure qui conduit nécessairement à remplacer une tyrannie pas une autre. Nous touchons là à une force majeure de la superstition, sa plasticité. Or, s’il n’est pas d’espoir sans crainte, celle-ci semble avoir le dernier mot, car celui qui est en suspens dans l’espoir imagine forcément que ce qu’il espère peut très bien ne pas arriver, même si, devant cette crainte, il peut toujours continuer à espérer. Elle est une espèce de la pusillanimité, que Macherey rend par la frousse, voire la trouillardise de celui qui a peur de tout. Il s’agit de l’espoir, de la crainte, de la sécurité, du désespoir, de la satisfaction et du remords de conscience. 10 La crainte des masses, Paris, Galilée, 1997. Lorsque l’Éthique parle du vulgus qui est le vulgaire, la foule, c’est-à-dire les ignorants, le terme a un sens gnoséologique : c’est l’illusion anthropomorphique et téléologique, et l’ignorance renvoie à l’imagination et au premier genre de connaissance. Les phrases célèbres de citation Baruch Spinoza Or, nous savons que l’espoir n’est qu’une joie mêlée de tristesse, et que la construction des utopies n’est qu’une vaine espérance, un refuge dans le rêve par peur de la réalité. Sep 6 2015. La joie de l’espoir est inconstante, car elle est liée à la crainte de la déception. Veuillez trouver 2 formats d'image classique colorée : une petite image et une grande image. En tant que joie inconstante, l’espoir est mêlé de tristesse, et l’on peut presque être tenté de dire qu’il s’agit d’une passion triste, dans la mesure où il dépend d’un manque de plénitude4. Liste des citations de Baruch Spinoza sur peur classées par thématique. Pour Spinoza, ce bonheur ne peut pas être envisagé sans la liberté individuelle. En effet, la plasticité de la superstition est double : non seulement elle peut métamorphoser ou changer ses objets, mais elle peut aussi se travestir aisément en religion. Ils s’en prennent également au réalisme des politiques qui, se résignant aux vices, s’emploient à les gérer et à les utiliser, ayant de fait compris l’efficacité de la crainte. Les croyances religieuses prennent ainsi naissance dans l’illusion religieuse. La superstition résulte donc d’une attitude réactive reposant sur la crainte qui est aux antipodes de la vertu : faire le bien ce n’est que fuir le mal, en guidant les hommes par la crainte. Cependant, si l’on craint que de cette action il ne résulte une tristesse pire et un mal plus grand, on s’abstient. 31 déc. Baruch Spinoza - Citations En ce qui concerne les actions humaines, je me suis soigneusement efforcé de ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas même détester, mais de comprendre. Il est à noter que les philosophes en question ne sont rien d’autre que les éducateurs superstitieux dont parle l’Éthique. Jean-Marie VAYSSE, « Spinoza et le problème de la peur : metus et timor », Philonsorbonne [En ligne], 6 | 2012, mis en ligne le 04 février 2013, consulté le 20 janvier 2021. Or, dans l’espoir comme dans la crainte il y a le doute, et nous savons comment sécurité et désespoir en levant le doute apportent une relative stabilisation de l’affectivité. Le corollaire de la proposition LXIII affirme que « par un désir tirant son origine de la raison nous poursuivons le bien directement et fuyons le mal indirectement ». Si on peut donc dire, envers et contre tout, que nul ne va à l’encontre de la raison en obéissant à la loi de la cité, encore faut-il expliquer jusqu’où va le droit de la cité. L’espoir et la crainte ont en commun le doute. En effet, la crainte est une tristesse et il n’y a pas d’espoir sans crainte. Cela signifie qu’être sain c’est évaluer les choses en fonction du bien, alors qu’être malade c’est prendre pour norme le mal dans l’horizon de la crainte de la mort. En partant du simple fait de l’orientation de leurs actes vers des fins, ils finissent par imaginer que ces fins sont objectives et que le monde est fait pour eux et que des dieux régissent le monde pour leur propre usage. Du point de vue de l’image, une chose est identique qu’elle soit présente, passée ou future. Aussi, dans cet extrait du Traité politique paru en 1677, Spinoza se demande ce que signifie vivre en paix pour un peuple. Or, d’une certaine façon la vie politique comme existence sous la loi et la contrainte qu’elle implique repose toujours sur des passions plus ou moins tristes, même s’il est vrai qu’il y a des degrés entre les pires régimes reposant sur les affects les plus tristes et d’autres. Dans l’Appendice de la première partie de l’Éthique, la question est abordée à partir du problème que pose la double illusion de finalité et de liberté. C’est ainsi que « l’homme éprouve par l’image d’une chose passée ou future la même affection de joie et de tristesse que par l’image d’une chose présente »5. Il en résulte une déstabilisation de l’affectivité donnant lieu à la peur. On peut même aller jusqu’à dire qu’à ce niveau la crainte est un réflexe et qu’elle devient relativement sécurisante, dans la mesure où elle n’exclut pas un horizon d’espoir et où ces deux affects sont collectifs. 20Or, il ne s’agit pas là d’un simple phénomène individuel, mais d’un phénomène collectif. Cite . Citation de Baruch Spinoza En physique, une masse est la quantité de matière d’un corps, réglée selon un rapport constant existant entre les forces appliquées à ce corps et les accélérations correspondantes. Proverbe peur - Les 22 plus beaux proverbes sur peur. 2 Éthique III, Définitions des affects, XIII, XXXIX. Ces préjugés se ramènent à un seul qui fait que les hommes supposent que les choses de la nature agissent comme eux en vue d’une fin. La révolution anglaise en fut la preuve et la révolution orangiste de 1672 donnera une fois de plus raison à Spinoza. Citations similaires : Dans les citations ci-dessous vous trouverez des citations similaires à la citation de Baruch Spinoza (La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur. La crainte est donc le ressort de la tyrannie, alors que l’espoir est celui des régimes où règne la liberté. Si un peuple est une communauté assignée à un territoire et à une histoire, au sens où l’on parle du peuple juif, grec, romain, il a des institutions et constitue un État au sens où l’on parle d’un pays, qu’il s’agisse d’un pays propre ou d’un pays d’adoption, comme les Hébreux durant leur captivité. Il résulte de là que nous interprétons les choses qui sont causes d’espoir ou de crainte comme de bons ou de mauvais présages, qui sont eux-mêmes causes de joie ou de tristesse. Les philosophes font une satire ou construisent des utopies. C’est pourquoi la proposition LXVII de l’Éthique IV dit que « un homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort » et que « sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie ». Spinoza, Paris, PUF, 1970, p. 35. Pour mieux la lire et la comprendre, il convient donc de la resituer dans l'œuvre et la pensée de l'auteur ainsi que dans son contexte historique, géographique ou philosophique. Mieux vaut jouer sur les passions tristes, ferments de superstitions sans cesse renouvelées. Elle est considérée comme 1 citation courte. Il y a en revanche un optimisme des philosophes, qui espèrent un monde meilleur, par peur d’affronter le monde réel. La consternation est ainsi un alliage de crainte et de peur, où le sujet ne sait plus vers quoi se tourner et s’affole en ne faisant plus face à la situation. L’espoir engendre la sécurité et la crainte le désespoir et, dans tous les cas, nous sommes dans la certitude donnant lieu à une apparente stabilité. Si ce phénomène peut se manifester comme une régulation de l’affectivité, il est cependant d’autant plus aliénant. Sages et ignorants sont d’abord des catégories éthiques et, sur le plan politique, tous deux font partie de la multitude, distincte du peuple et se rapprochant de la masse et de la foule. La peur ne peut se passer de l'espoir et l'espoir de la peur. La différence ne peut alors se faire que par des affects spécifiques qui sont des modes de temporalisation de la joie et de la tristesse selon le passé et l’avenir. À la fin du scolie de la proposition XXXIX, Spinoza écrit : « Enfin, si le désir d’éviter un mal futur est réduit par la peur d’un autre mal, de façon qu’on ne sache plus ce qu’on veut, alors la crainte s’appelle consternation, principalement quand l’un et l’autre maux dont on a peur sont parmi les plus grands ». Nous utilisons ces présages comme des moyens pour parvenir à ce que nous espérons ou pour éviter ce que nous craignons. Il caractérise la peur (timor) comme « un désir d’éviter un mal plus grand, que nous craignons, par un moindre »2. C’est pourquoi Machiavel a voulu aussi montrer « combien la population doit se garder de s’en remettre de son salut à un seul homme qui, s’il n’est pas vain au point de se croire capable de plaire à tous, devra constamment craindre quelque embûche et par là se trouve contraint de veiller surtout à son propre salut et au contraire de tendre des pièges à la population plutôt que de veiller sur elle »12. ... Irritabilité, stress, peur, colère, jalousie : 10 huiles essentielles pour apaiser les émotions débordantes. Ce n’est donc pas dans le … Cette phrase étant assez petite, nous vous proposons de lire toutes les citations courtes les plus populaires. Or, nous sommes plus enclins à espérer qu’à craindre, car nous croyons aisément en ce que nous espérons et plus difficilement en ce que nous craignons. Or cette force est d’autant plus redoutable qu’elle n’a pas de forme et que l’on peut la façonner. Spinoza et le problème de la peur : metus et timor . 2L’espoir est « une joie inconstante née de l’idée d’une chose future ou passée de l’issue de laquelle nous doutons en quelque mesure »3. Les conséquences théologico-politiques de cette pratique sont considérables. Il convient alors de considérer que les affects ici considérés sont des vices du fait de leur caractère immodéré ou excessif. 9Bien évidemment, la crainte s’alimente de l’espoir : l’avare espère s’enrichir davantage, l’ambitieux espère toujours plus de gloire et l’envieux toujours plus de malheur pour l’autre. Ils s’attristent sur la nature humaine dont ils craignent les conséquences imprévisibles, alors que les politiques, prenant les hommes tels qu’ils sont, se contentent d’un moindre mal. Il récuse alors les philosophes qui s’en prennent aux vices d’une prétendue nature humaine dépravée, dont ils se moquent et sur laquelle ils se lamentent. Pas besoin de mot de passe. Il s’ensuit également un certain nombre de conséquences politiques précises : cela permet aux devins et aux prêtres d’avoir un empire qui peut s’accroître à proportion de la crainte, aussi bien sur la foule que sur les rois. L’espoir est une joie faite de tristesse, car elle n’est pas une certitude de l’issue, la crainte est une tristesse faite de joie, car elle est également inconstante et n’exclut donc pas l’espoir que la chose redoutée n’arrive pas. Ces éducateurs sont des faibles qui ne forment que d’autres faibles et qui ne savent voir que le mal, exposant les vertus sous la forme d’un système d’interdits, dont la transgression implique un châtiment. Toutefois, le régime mental et affectif est déstabilisé, oscillant entre crainte et espoir. L’action politique est ainsi une gestion de l’espoir et de la crainte et, de manière générale, l’existence politique comporte une dimension inéluctable de tristesse, la politique étant une physique des forces et une chimie des passions. La réduction totale de la fluctuation de l’âme des masses reste douteuse : une politique qui ne serait plus déterminée par la crainte et par la fluctuation entre l’amour et la haine semble utopique. ), contenant les termes : passer, espoir et espoir. Le scolie précise que « plus donc nous efforçons de vivre sous la conduite de la raison, plus nous faisons effort pour nous rendre moins dépendants de l’espoir, nous affranchir de la crainte, commander à la fortune autant que possible, et diriger nos actions suivant le conseil certain de la raison ». Voir plus d'idées sur le thème courage, peur, citation … L’ambition est un désir immodéré de la gloire, qui en est même peut être une aspiration légitime de la raison. Retrouvez toutes les citations de Baruch Spinoza parmi des citations issues de discours de Baruch Spinoza, d'articles, d'extraits de livres et ouvrages de Baruch Spinoza. Enfin, la satisfaction est une joie qui ne fait que nous soulager comme le remords de conscience est une tristesse qui nous apporte la petite joie de la mortification. L’idée d’un Dieu distribuant récompenses et punitions, inspirant espoir et crainte, fait de celui-ci un monarque absolu et un juge suprême. Mais pour jouir des fruits de sa liberté, il faut d’abord pouvoir vivre en sécurité avec ses concitoyens. Baruch Spinoza - La peur ne peut se passer de l’espoir et l’espoir de la peur. Ils considèrent les hommes non tels qu’ils sont, mais tels qu’ils voudraient qu’ils fussent et leur politique n’est qu’une utopie. Le scolie du corollaire illustre cela par un exemple, opposant l’homme sain et le malade. Le scolie de la proposition XXXIX de l’Éthique III nous dit que l’homme « est ainsi disposé qu’il ne veut pas ce qu’il veut ou veut ce qu’il ne veut pas ». Craignant de dépenser ou de risquer son argent, l’avare finit par vivre comme un pauvre et peut même finir par se ruiner en ne faisant pas fructifier son capital ; craignant la honte, l’ambitieux finit par renoncer à toute entreprise ambitieuse ; craignant pour son bonheur fait du malheur d’autrui, l’envieux finit par faire son perpétuel malheur dans le ressentiment. Une citation est une phrase sortie de son contexte. C’est aussi ce qui explique que la servitude soit d’abord une culture et un culte de la mort, qui alimente la superstition.